Histoire locale : sur les traces du passé
une citation de Kierkegaard (1813-1855) qui disait :
« La vie doit être vécue en regardant vers l’avenir, mais elle ne peut être comprise qu’en se retournant vers le passé. »
Mellionnec... Son nom vient du gallois « meillion », trèfle.
Plusieurs menhirs attestent une présence humaine remontant au Néolithique.
En 1265, la paroisse est cédée à Hervé de Léon par son frère, mais elle est réclamée par le vicomte de Roban en 1291.
Mellionnec fait partie de la paroisse de Plouray (Morbihan) et subit donc l’influence de la culture vannetaise.
En 1790, le territoire est rattachée au département des Côtes-du-Nord et érigé en commune.
Cependant, comme à Lescouët, la tradition gwendour, c’est-à-dire vannetaise, demeure très présente dans la vie quotidienne.
En 1795, plusieurs centaines de chouans investissent le pays et occupent le château de Trégarantec.
Un an plus tard, ils fusillent même le juge de paix de Mellionnec.
En 1265, la paroisse est cédée à Hervé de Léon par son frère, mais elle est réclamée par le vicomte de Roban en 1291.
Mellionnec fait partie de la paroisse de Plouray (Morbihan) et subit donc l’influence de la culture vannetaise.
En 1790, le territoire est rattachée au département des Côtes-du-Nord et érigé en commune.
Cependant, comme à Lescouët, la tradition gwendour, c’est-à-dire vannetaise, demeure très présente dans la vie quotidienne.
En 1795, plusieurs centaines de chouans investissent le pays et occupent le château de Trégarantec.
Un an plus tard, ils fusillent même le juge de paix de Mellionnec.
(Source Flohic)
Le monument aux morts de Mellionnec
Le soldat François Marie Laurent
14-18. Ces poilus fusillés pour l'exemple
11 novembre 2009 – Le Telegramme
Près de 800 poilus ont été fusillés, pour l'exemple, pour fraternisation avec l'ennemi ou refus de monter au front. Aujourd'hui, la Ligue des droits de l'Homme demande la réouverture de certains dossiers.
Pour les poilus suspectés d'automutilation ou de fraternisation avec l'ennemi, la justice était expéditive, sans enquête et sans recours en grâce. Lundi dernier, Hubert Falco, secrétaire d'État à la Défense, a plaidé pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple de la guerre 14-18. Il rejoint la Ligue des droits de l'Homme (LDH) qui, récemment, demandait la création d'une commission indépendante ad hoc chargée d'étudier les centaines de dossiers en instance. Une première vague de réhabilitation de ces soldats accusés de s'être automutilés, d'avoir fraternisé avec les Allemands, ou d'avoir refusé de partir à l'assaut, avait eu lieu dans les années trente. « Ces soldats étaient jugés en cour martiale, précise Roger Laouenan, ancien journaliste au Télégramme, devenu spécialiste des Bretons durant la Première Guerre mondiale. Il s'agissait d'une justice expéditive, sans enquête et sans recours en grâce ». La LDH parle, elle, « d'injustices flagrantes ». Elle évoque le cas de Jean Chapelant, sous-lieutenant de 23 ans, ramené blessé dans ses lignes et qui avait été accusé de « capitulation en rase campagne ». Ce jeune homme avait été fusillé, attaché sur un brancard. Paradoxalement, alors qu'ils étaient très nombreux au front, les Bretons ont très peu été touchés par ces condamnations disciplinaires. « Pour la plupart, ils se trouvaient éloignés des zones de rébellion et d'insoumission », poursuit Roger Laouenan. La plus connue restant le Chemin des Dames, dans l'Aisne, en avril 1917, théâtre d'une importante mutinerie.
Le soldat bretonnant n'avait pas pu s'expliquer
Le cas le plus connu reste, sans aucun doute, celui de François-Marie Laurent, un jeune homme originaire de Mellionnec, dans les Côtes-d'Armor. Dans la nuit du 1er au 2 octobre 1914, en Champagne, il est légèrement blessé alors qu'il se trouve près de son capitaine. La balle qui l'atteint lui arrache la dernière phalange du petit doigt de la main gauche. Sur les conseils de son capitaine, il se fait soigner dans un poste de secours par le docteur Buy. Ce dernier estimant que la blessure est bien superficielle l'accusera de s'être automutilé pour ne pas repartir au combat. Le soldat François-Marie Laurent peut difficilement se défendre. Et pour cause, il ne parle que quelques mots de français. Il sera exécuté le 19 octobre 1914. Une vingtaine d'années après sa mort, il sera réhabilité. On considérera que la pièce médicale versée à son dossier est insuffisante. Sa famille recevra 10.000 francs en dédommagement. En 1934, la mairie de Mellionnec fera inscrire le nom de François-Marie Laurent et organisera une cérémonie officielle à sa mémoire. Ce cas est symptomatique des condamnations expéditives de l'époque. Car les médecins n'avaient pas de rapport circonstancié à établir. Mais un simple imprimé type avec lequel on pouvait aisément traîner tout suspect devant le conseil de guerre. Les Français n'ont pas été les seuls à avoir exécuté des hommes pour l'exemple. 330 soldats l'ont été dans les rangs anglais, 750 parmi les Italiens. Et une cinquantaine dans l'armée allemande. Seuls les Australiens ont refusé d'utiliser ces méthodes. En 2007, outre-Manche, 306 soldats fusillés pour désertion, mutinerie ou refus de combattre ont été réhabilités. Il a été admis que ces hommes avaient souffert de troubles profonds après des mois passés sous un déluge de bombes.
Pour la réhabilitation des soldats « Fusillés pour l’exemple » pendant la première guerre mondiale.
La fiche militaire de François Laurent, après sa réhabiltation.
Le 11 novembre 2012, la commune de Mellionnec a rendu hommage, comme toutes les communes de France, aux victimes et aux soldats de la première guerre mondiale. Mais elle ne s’est pas contentée de cela.
Comme en 2011, Marie-José Fercoq, maire de Mellionnec, a rendu aussi hommage à François Laurent. Un hommage particulier, puisque François Laurent a fait partie de ceux qu’on a appelés les « fusillés pour l’exemple », la plupart du temps victimes de l’arbitraire d’un Etat major incompétent. La Ligue des droits de l’Homme a participé à cet hommage, aux côtés de la Libre pensée, l’Association des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR), l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC).
Ces associations se sont réunies devant la mairie de Mellionnec ce 11 novembre 2012, pour descendre en cortège jusqu’au monument aux morts.. Il se trouve que le combat pour la réhabilitation des « fusillés pour l’exemple » est un des grands combats de la Ligue des droits de l’Homme, à tel point que, Gilles Manceron, historien spécialiste de la « grande guerre » et de la LDH, n’hésite pas à dire qu’il s’agit, avec l’affaire Dreyfus, de « son second grand combat fondateur ». Un combat qui a débuté dès après la guerre, et qui n’est pas terminé, puisque la réhabilitation officielle par la République de ces hommes n’a toujours pas eu lieu. Yves Tréguer, de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes, s’est penché sur l’histoire de ces soldats, et plus précisément celle de deux soldats bretons, Lucien Lechat, et, justement, François Laurent. Voici le résultat de ses recherches, qui a également été publié dans le bulletin de la section de Rennes (novembre 2012).
Fusillés pour l’exemple, par Yves Tréguer, de la section LDH de Rennes. Déjà la pierre pense, où votre nom s’inscrit Déjà le souvenir de votre nom s’efface Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri Louis Aragon - « Tu n’en reviendras pas »
Le 11 novembre 2012, la commune de Mellionnec a rendu hommage, comme toutes les communes de France, aux victimes et aux soldats de la première guerre mondiale. Mais elle ne s’est pas contentée de cela.
Comme en 2011, Marie-José Fercoq, maire de Mellionnec, a rendu aussi hommage à François Laurent. Un hommage particulier, puisque François Laurent a fait partie de ceux qu’on a appelés les « fusillés pour l’exemple », la plupart du temps victimes de l’arbitraire d’un Etat major incompétent. La Ligue des droits de l’Homme a participé à cet hommage, aux côtés de la Libre pensée, l’Association des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR), l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC).
Ces associations se sont réunies devant la mairie de Mellionnec ce 11 novembre 2012, pour descendre en cortège jusqu’au monument aux morts.. Il se trouve que le combat pour la réhabilitation des « fusillés pour l’exemple » est un des grands combats de la Ligue des droits de l’Homme, à tel point que, Gilles Manceron, historien spécialiste de la « grande guerre » et de la LDH, n’hésite pas à dire qu’il s’agit, avec l’affaire Dreyfus, de « son second grand combat fondateur ». Un combat qui a débuté dès après la guerre, et qui n’est pas terminé, puisque la réhabilitation officielle par la République de ces hommes n’a toujours pas eu lieu. Yves Tréguer, de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Rennes, s’est penché sur l’histoire de ces soldats, et plus précisément celle de deux soldats bretons, Lucien Lechat, et, justement, François Laurent. Voici le résultat de ses recherches, qui a également été publié dans le bulletin de la section de Rennes (novembre 2012).
Fusillés pour l’exemple, par Yves Tréguer, de la section LDH de Rennes. Déjà la pierre pense, où votre nom s’inscrit Déjà le souvenir de votre nom s’efface Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places Déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri Louis Aragon - « Tu n’en reviendras pas »
La célébration de l’armistice du 11 novembre 1918 fait ressurgir la cause des fusillés pour l’exemple, à laquelle la Ligue des droits de l’Homme est liée, à travers ses campagnes contre l’iniquité des décisions des tribunaux militaires et pour la réhabilitation des victimes.
La défense de cette cause a été, on le sait, un des engagements majeurs de la Ligue et même, selon l’expression de Gilles Manceron, « après l’affaire Dreyfus, son second grand combat fondateur ».
Un long travail, avec des victoires sur le plan législatif et judiciaire, qui a permis de rendre justice à quelques dizaines de soldats : c’est le cas, intéressant la Bretagne, de deux soldats, François Laurent, de Mellionnec, exécuté en1914 et celui, plus connu, de Lucien Lechat, l‘un des caporaux de Souain, exécuté en 1915 dont nous allons évoquer la mémoire. Pour autant, depuis les années 1930, le cas d’autres fusillés ou de victimes d’exécutions sommaires, reste à examiner, et le combat n‘est pas fini aujourd’hui… Un bref rappel s’impose, pour comprendre le contexte des années 14-15. C’est en effet dans ces années qu‘ont eu lieu la plupart des 600 exécutions de la Grande Guerre (430 environ), alors que la postérité a surtout retenu la répression des mutineries de 17.
Au début des opérations l’État-major se place dans la perspective d’une guerre courte et elle recherche avant tout une justice sévère et expéditive. Il s‘en donne les moyens en obtenant par les décrets du 2 aout et du 6 septembre 1914 les « conseils de guerre spéciaux » qui permettent de punir de façon exemplaire à l’aide d’une procédure simplifiée, avec des droits Soldat François Marie Laurent de Mellionnec de la défense réduits. Pas de possibilité de grâce ou de révision, sentence de mort applicable dans les 24 heures. On fusillera donc pour l’exemple c’est à dire qu’un soldat pourra être exécuté pour avoir commis un délit précis mais aussi « pour faire un exemple » susceptible de maintenir une obéissance stricte, qui est, on le sait, la force principale des armées.
Le souvenir de 1870 et de la débandade des armées françaises reste un souvenir cuisant. Un certain nombre de cas de peines de mort est prévu dans la réglementation : nous en retiendrons deux qui seront la cause de la condamnation de François Laurent et de Lucien Lechat, la mutilation volontaire et le refus d’obéissance. La condamnation est d’autant plus aisée que selon un historien, cité dans une thèse récente « il existe un décalage entre les théories du soldat-citoyen et les représentations communes des chefs militaires, cette conception des troupiers comme matériau obéissant, silencieux et consommable »(1).
La défense de cette cause a été, on le sait, un des engagements majeurs de la Ligue et même, selon l’expression de Gilles Manceron, « après l’affaire Dreyfus, son second grand combat fondateur ».
Un long travail, avec des victoires sur le plan législatif et judiciaire, qui a permis de rendre justice à quelques dizaines de soldats : c’est le cas, intéressant la Bretagne, de deux soldats, François Laurent, de Mellionnec, exécuté en1914 et celui, plus connu, de Lucien Lechat, l‘un des caporaux de Souain, exécuté en 1915 dont nous allons évoquer la mémoire. Pour autant, depuis les années 1930, le cas d’autres fusillés ou de victimes d’exécutions sommaires, reste à examiner, et le combat n‘est pas fini aujourd’hui… Un bref rappel s’impose, pour comprendre le contexte des années 14-15. C’est en effet dans ces années qu‘ont eu lieu la plupart des 600 exécutions de la Grande Guerre (430 environ), alors que la postérité a surtout retenu la répression des mutineries de 17.
Au début des opérations l’État-major se place dans la perspective d’une guerre courte et elle recherche avant tout une justice sévère et expéditive. Il s‘en donne les moyens en obtenant par les décrets du 2 aout et du 6 septembre 1914 les « conseils de guerre spéciaux » qui permettent de punir de façon exemplaire à l’aide d’une procédure simplifiée, avec des droits Soldat François Marie Laurent de Mellionnec de la défense réduits. Pas de possibilité de grâce ou de révision, sentence de mort applicable dans les 24 heures. On fusillera donc pour l’exemple c’est à dire qu’un soldat pourra être exécuté pour avoir commis un délit précis mais aussi « pour faire un exemple » susceptible de maintenir une obéissance stricte, qui est, on le sait, la force principale des armées.
Le souvenir de 1870 et de la débandade des armées françaises reste un souvenir cuisant. Un certain nombre de cas de peines de mort est prévu dans la réglementation : nous en retiendrons deux qui seront la cause de la condamnation de François Laurent et de Lucien Lechat, la mutilation volontaire et le refus d’obéissance. La condamnation est d’autant plus aisée que selon un historien, cité dans une thèse récente « il existe un décalage entre les théories du soldat-citoyen et les représentations communes des chefs militaires, cette conception des troupiers comme matériau obéissant, silencieux et consommable »(1).
François Laurent
L’histoire du soldat de Mellionnec n’est pas très connue et n’a pas fait l’objet d’un culte mémoriel, comme celui des caporaux de Souain, que nous aurons l’occasion d’évoquer. Elle a, en revanche, fourni le sujet d’un texte remarquable de Louis Guilloux, paru dans Vendredi, le 5 juin 1936, en plein triomphe électoral du Front populaire, et moins de 3 ans après la réhabilitation du soldat breton, le 6 décembre 1933. Le texte s’appelle « Douze balles montées en breloque ».
On pourrait l‘appeler un texte de fiction documentée, tant, dans sa première partie, il reste proche des faits. Laissons-lui la parole : « Le Bihan était né dans un hameau où on ne parlait que le breton. Il ne savait pas le français du tout. Le peu qu’il avait appris à l’école, il l’avait oublié entièrement. Il était aussi ignorant qu’on puisse l’être, ce qui ne fût pas arrivé si on l’avait instruit dans sa langue. Il le disait, et ne comprenait pas pourquoi on ne l’avait pas fait, puisque l’institutrice, bretonne comme lui, savait naturellement le breton. Mais il était interdit à l’institutrice de parler le breton à l’école… Il partit dès le premier jour… Un matin, le soldat Le Bihan tiraillait derrière un bosquet, quand vint l’ordre de se porter en avant. Comme il s’élançait, une balle lui traversa la main droite de part en part. Il n’en continua pas moins de courir. Mais quand, de nouveau couché par terre, il voulut recommencer à tirer, il ne le put, et le capitaine lui donna l’ordre de rejoindre le poste de secours le plus proche. Il se mit en route et après quelque temps arriva au poste ou il montra sa blessure à un major, qui parut extrêmement intéressé… Le major lui posa diverses questions, auxquelles Le Bihan ne répondit pas, ne les ayant pas comprises. Le major n’insista pas. D‘une part, il n’avait pas de temps à perdre, et, d’autre part, il avait ses idées arrêtées sur la discipline aux armées, et la manière de la faire observer. Il griffonna quelque chose sur un bout de papier, qu’il remit à Le Bihan, et donna l‘ordre a un planton de le conduire plus loin à l’arrière, ce qui fut fait …. Le Bihan se laissa conduire où l’on voulut …. Or, aussitôt « remis aux autorités » et le billet du major déchiffré, le soldat Le Bihan fut conduit au poteau et fusillé. Accusation : « blessure volontaire à la main droite. »
Le fameux billet du major, qui conduisit à la mort François Laurent, nous l’avons à disposition (2). Il est disponible aux archives des services historiques de l‘armée de Terre (Dossier Laurent, série J, SHAT): il s’agit des célèbres certificats du Dr Buy, en grande partie pré-rédigés, qui firent exécuter deux autres soldats, réhabilités en1925 et en 1934, ce qui fait dire à Nicolas Offenstadt (3) que « (ces certificats) ne contribuent pas à améliorer cette image de la médecine militaire dans l‘entre-deux-guerres ». A la suite de l’action d’anciens combattants, le conscrit de Mellionnec est réhabilité, sa famille reçoit la somme de 10.000 francs et la mairie de sa commune refait faire une plaque où le nom de François Laurent figure parmi les noms des morts au champ d’honneur. Sa fiche consultable sur le site SGA, Mémoire des Hommes, mentionne : mort pour la France le 19 octobre 1914. Genre de mort: fusillé, puis : réhabilité par jugement le 3 décembre 1933. Les nationalistes bretons font de François Laurent, mort de ne pas avoir pu se défendre en français « la victime de la domination française en Bretagne », et, en 1934 Breiz Atao proteste contre la présence du préfet à la cérémonie de réhabilitation. En 1982, un film bilingue sur « Frances Laorans » est tourné à Clohars-Carnoët que la famille du soldat désavoue.
Courant juin 1944, la section de F.F.I. de Langoëlan-Meillonnec dirigée par François LE GUYADER, composée d’une vingtaine d’hommes, a installé son camp non loin de la ferme des époux LE PADELLEC, sur la colline boisée du village de Kergoët. Toutefois, les patrouilles incessantes des “cosaques” dans la région, avaient incité François Le Guyader à rechercher un autre camp avec l’aide de son épouse, Joséphine, agent de liaison. Celle-ci venait d’informer les maquisards que ses recherches avaient abouti. Le départ de Kergoët était décidé, ce 1 juillet. Mais, la pluie qui s’abattait sur la région, ce jour là, avait conduit à en différer, pour quelques heures, la réalisation.
Or, précisément, ce 1 juillet, les allemands, qui avaient eu connaissance de la présence des maquisards commencent à encercler le village voisin de Cauraden. Sous la menace et les coups contraignent un jeune commis de ferme âgé de 14 ans, Louis Le Gargasson, à les guider vers la ferme des Le Padellec. Fort heureusement, un des villageois de Cauraden, Germain Guilloux est parvenu avant les allemands au camp des maquisards pour les avertir du danger. Les maquisards ont le temps de se préparer au combat. François Le Guyader, après avoir demandé à son épouse d’aller chercher du renfort auprès d’autres groupes de partisans, prend la tête d’une patrouille. Joséphine Le Guyader réussit à faire informer des maquisards F.F.I. cantonnés près du Cosquer en Ploërdut, parmi lesquels se trouve le sergent parachutiste Fernand Bonis originaire de la Haute-Loire ainsi que des F.T.P. de la 3e compagnie du Bataillon du Capitaine Alexandre (Désiré Le Trohère), cantonnée à quelques kilomètres de là. F.F.I. et F.T.P se portent au secours de leurs camarades.
Au cours des premiers combats, François Le Guyader est fait prisonnier, Jean LE GOUAR est tué.Vers 18 h 30, la section F.F.I. de Guéméné attaque l'ennemi, ce qui permet aux hommes encerclés de se sauver. A leur tout les F.F.I subissent les tirs ennemis, mais peuvent se dégager grâce à l’intervention des F.T.P. qui les protègent de leurs F.M. et de leurs mitraillettes. Quand, à 19 h 30, l'ennemi reçoit des renforts et commence à tirer au mortier, les F.F.I. et F.T.P. se retirent.
Près de la ferme, le sergent parachutiste SAS Bonis a été capturé. Il a été blessé par une grenade et ramené à la ferme. Alors qu'il descendait du grenier par l'échelle, François PIMPEC de Mellionnec a été atteint par les balles et tué vraisemblablement sur le coup. Joseph Le Padellec qui avait refusé de dire qu’il hébergeait des patriotes, est sauvagement frappé, traîné par des soldats puis abattu. Un soldat russe voulait tuer également Mme Le Padellec. Cette fois, des soldats allemands s’opposent à cette exécution. Ces derniers conduisent Mme Le Padellec ainsi que les enfants d'abord dans un hangar et ensuite au village de Cauraden.
Les soldats ennemis mettent le feu à la ferme et y jettent Joseph Le Padellec ainsi que les corps de Jean Le Gouar et de François Pimpec deux F.F.I. et de Fernand Bonis qui, selon les témoignages recueillis par Roger Le Roux, aurait été encore vivant.
Quant aux prisonniers, les allemands ayant également arrêté en représailles les jeunes Louis et Joseph Le Gargasson et Joseph-Marie Guilloux ils sont conduits à la prison du Faouët. Avant d’être séparé de ces jeunes gens, François Le Guyader a le temps de remettre sa montre à Louis Le Gargasson, en lui disant, selon le témoignage recueilli par René Le Guennic : « Tu la porteras à ma femme, toi tu t'en sortiras mais pas moi ! ». François Le Guyader a dû mourir sous la torture. Quand son cadavre a été extrait de la fosse de Landordu où il avait été transporté le 6 juillet 1944, le bras droit était quasiment arraché, tous les doigts sectionnés, un oeil sorti de son orbite. Toutes les dents lui avaient été arrachées, et il portait sur tout le corps des marques faites aux fer rouge !
A noter que Mme Christine NICOLAS-LABEYRIE, habitante de Mellionnec, est présidente du secteur Rostrenen-Gouarec-Callac pour l’Association AFMD22
(Les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation).
L’histoire du soldat de Mellionnec n’est pas très connue et n’a pas fait l’objet d’un culte mémoriel, comme celui des caporaux de Souain, que nous aurons l’occasion d’évoquer. Elle a, en revanche, fourni le sujet d’un texte remarquable de Louis Guilloux, paru dans Vendredi, le 5 juin 1936, en plein triomphe électoral du Front populaire, et moins de 3 ans après la réhabilitation du soldat breton, le 6 décembre 1933. Le texte s’appelle « Douze balles montées en breloque ».
On pourrait l‘appeler un texte de fiction documentée, tant, dans sa première partie, il reste proche des faits. Laissons-lui la parole : « Le Bihan était né dans un hameau où on ne parlait que le breton. Il ne savait pas le français du tout. Le peu qu’il avait appris à l’école, il l’avait oublié entièrement. Il était aussi ignorant qu’on puisse l’être, ce qui ne fût pas arrivé si on l’avait instruit dans sa langue. Il le disait, et ne comprenait pas pourquoi on ne l’avait pas fait, puisque l’institutrice, bretonne comme lui, savait naturellement le breton. Mais il était interdit à l’institutrice de parler le breton à l’école… Il partit dès le premier jour… Un matin, le soldat Le Bihan tiraillait derrière un bosquet, quand vint l’ordre de se porter en avant. Comme il s’élançait, une balle lui traversa la main droite de part en part. Il n’en continua pas moins de courir. Mais quand, de nouveau couché par terre, il voulut recommencer à tirer, il ne le put, et le capitaine lui donna l’ordre de rejoindre le poste de secours le plus proche. Il se mit en route et après quelque temps arriva au poste ou il montra sa blessure à un major, qui parut extrêmement intéressé… Le major lui posa diverses questions, auxquelles Le Bihan ne répondit pas, ne les ayant pas comprises. Le major n’insista pas. D‘une part, il n’avait pas de temps à perdre, et, d’autre part, il avait ses idées arrêtées sur la discipline aux armées, et la manière de la faire observer. Il griffonna quelque chose sur un bout de papier, qu’il remit à Le Bihan, et donna l‘ordre a un planton de le conduire plus loin à l’arrière, ce qui fut fait …. Le Bihan se laissa conduire où l’on voulut …. Or, aussitôt « remis aux autorités » et le billet du major déchiffré, le soldat Le Bihan fut conduit au poteau et fusillé. Accusation : « blessure volontaire à la main droite. »
Le fameux billet du major, qui conduisit à la mort François Laurent, nous l’avons à disposition (2). Il est disponible aux archives des services historiques de l‘armée de Terre (Dossier Laurent, série J, SHAT): il s’agit des célèbres certificats du Dr Buy, en grande partie pré-rédigés, qui firent exécuter deux autres soldats, réhabilités en1925 et en 1934, ce qui fait dire à Nicolas Offenstadt (3) que « (ces certificats) ne contribuent pas à améliorer cette image de la médecine militaire dans l‘entre-deux-guerres ». A la suite de l’action d’anciens combattants, le conscrit de Mellionnec est réhabilité, sa famille reçoit la somme de 10.000 francs et la mairie de sa commune refait faire une plaque où le nom de François Laurent figure parmi les noms des morts au champ d’honneur. Sa fiche consultable sur le site SGA, Mémoire des Hommes, mentionne : mort pour la France le 19 octobre 1914. Genre de mort: fusillé, puis : réhabilité par jugement le 3 décembre 1933. Les nationalistes bretons font de François Laurent, mort de ne pas avoir pu se défendre en français « la victime de la domination française en Bretagne », et, en 1934 Breiz Atao proteste contre la présence du préfet à la cérémonie de réhabilitation. En 1982, un film bilingue sur « Frances Laorans » est tourné à Clohars-Carnoët que la famille du soldat désavoue.
Le Mémorial de Kergoët
village martyr de la seconde guerre mondiale en Langoëlan(56)
1 juillet 1944 : Le Massacre de Kergoët
Courant juin 1944, la section de F.F.I. de Langoëlan-Meillonnec dirigée par François LE GUYADER, composée d’une vingtaine d’hommes, a installé son camp non loin de la ferme des époux LE PADELLEC, sur la colline boisée du village de Kergoët. Toutefois, les patrouilles incessantes des “cosaques” dans la région, avaient incité François Le Guyader à rechercher un autre camp avec l’aide de son épouse, Joséphine, agent de liaison. Celle-ci venait d’informer les maquisards que ses recherches avaient abouti. Le départ de Kergoët était décidé, ce 1 juillet. Mais, la pluie qui s’abattait sur la région, ce jour là, avait conduit à en différer, pour quelques heures, la réalisation.
Or, précisément, ce 1 juillet, les allemands, qui avaient eu connaissance de la présence des maquisards commencent à encercler le village voisin de Cauraden. Sous la menace et les coups contraignent un jeune commis de ferme âgé de 14 ans, Louis Le Gargasson, à les guider vers la ferme des Le Padellec. Fort heureusement, un des villageois de Cauraden, Germain Guilloux est parvenu avant les allemands au camp des maquisards pour les avertir du danger. Les maquisards ont le temps de se préparer au combat. François Le Guyader, après avoir demandé à son épouse d’aller chercher du renfort auprès d’autres groupes de partisans, prend la tête d’une patrouille. Joséphine Le Guyader réussit à faire informer des maquisards F.F.I. cantonnés près du Cosquer en Ploërdut, parmi lesquels se trouve le sergent parachutiste Fernand Bonis originaire de la Haute-Loire ainsi que des F.T.P. de la 3e compagnie du Bataillon du Capitaine Alexandre (Désiré Le Trohère), cantonnée à quelques kilomètres de là. F.F.I. et F.T.P se portent au secours de leurs camarades.
Au cours des premiers combats, François Le Guyader est fait prisonnier, Jean LE GOUAR est tué.Vers 18 h 30, la section F.F.I. de Guéméné attaque l'ennemi, ce qui permet aux hommes encerclés de se sauver. A leur tout les F.F.I subissent les tirs ennemis, mais peuvent se dégager grâce à l’intervention des F.T.P. qui les protègent de leurs F.M. et de leurs mitraillettes. Quand, à 19 h 30, l'ennemi reçoit des renforts et commence à tirer au mortier, les F.F.I. et F.T.P. se retirent.
Près de la ferme, le sergent parachutiste SAS Bonis a été capturé. Il a été blessé par une grenade et ramené à la ferme. Alors qu'il descendait du grenier par l'échelle, François PIMPEC de Mellionnec a été atteint par les balles et tué vraisemblablement sur le coup. Joseph Le Padellec qui avait refusé de dire qu’il hébergeait des patriotes, est sauvagement frappé, traîné par des soldats puis abattu. Un soldat russe voulait tuer également Mme Le Padellec. Cette fois, des soldats allemands s’opposent à cette exécution. Ces derniers conduisent Mme Le Padellec ainsi que les enfants d'abord dans un hangar et ensuite au village de Cauraden.
Les soldats ennemis mettent le feu à la ferme et y jettent Joseph Le Padellec ainsi que les corps de Jean Le Gouar et de François Pimpec deux F.F.I. et de Fernand Bonis qui, selon les témoignages recueillis par Roger Le Roux, aurait été encore vivant.
Les premiers déplorent la perte de quatre hommes, dont trois tués et un prisonnier, les seconds, celle de deux combattants, l’un tué et l’autre fait prisonnier. Plus de trente soldats russes et allemands ont été mis hors de combat.
Le lundi 3 juillet, M. Le Bail fossoyeur à Langoëlan se risque jusqu'à Kergoët. Dans une partie des bâtiments ravagés par l'incendie, il découvre dans la cuisine quatre cadavres calcinés.
Quant aux prisonniers, les allemands ayant également arrêté en représailles les jeunes Louis et Joseph Le Gargasson et Joseph-Marie Guilloux ils sont conduits à la prison du Faouët. Avant d’être séparé de ces jeunes gens, François Le Guyader a le temps de remettre sa montre à Louis Le Gargasson, en lui disant, selon le témoignage recueilli par René Le Guennic : « Tu la porteras à ma femme, toi tu t'en sortiras mais pas moi ! ». François Le Guyader a dû mourir sous la torture. Quand son cadavre a été extrait de la fosse de Landordu où il avait été transporté le 6 juillet 1944, le bras droit était quasiment arraché, tous les doigts sectionnés, un oeil sorti de son orbite. Toutes les dents lui avaient été arrachées, et il portait sur tout le corps des marques faites aux fer rouge !
Le Maquis de Kergoët
Souvenirs de Mr et Mme Le Bronnec ...
Les maquisards, réunis autour de Le Guyader, leur chef, se retrouvaient à Kergoët.
Ils furent attaqués par les allemands, leur chef capturé pour être tué ensuite.
Il semble qu'ils aient été dénoncés. Un voisin avait donné l'alerte, mais ils ne l'ont pas vraiment crus. Le chef est allé avec l'un d'eux à leur rencontre et s'est fait prendre, son compagnon tué. Cinq à six maquisards furent tués et les allemands brûlèrent le village toujours en ruine. Les autres fuirent par Minegu et Saint-Auny.
Son grand-père qui était maire à l'époque avait été contraint peu de temps auparavant à les mener à Le Guyader.
La Jeunesse Hitlérienne était arrivée armée dans un fourgon au village. La femme de Le Guyader, présente, demanda ce qu'ils cherchaient comme pour les narguer, mais le maire lui dit de se taire en breton. Pour les protéger, il les avait conduits chez un Guyader, ancien combattant de la guerre 14-18 en mauvaise santé. Ils l'avaient trouvé chez lui avec un enfant sur ses genoux et avaient abandonné la poursuite.
Ils furent attaqués par les allemands, leur chef capturé pour être tué ensuite.
Il semble qu'ils aient été dénoncés. Un voisin avait donné l'alerte, mais ils ne l'ont pas vraiment crus. Le chef est allé avec l'un d'eux à leur rencontre et s'est fait prendre, son compagnon tué. Cinq à six maquisards furent tués et les allemands brûlèrent le village toujours en ruine. Les autres fuirent par Minegu et Saint-Auny.
Son grand-père qui était maire à l'époque avait été contraint peu de temps auparavant à les mener à Le Guyader.
La Jeunesse Hitlérienne était arrivée armée dans un fourgon au village. La femme de Le Guyader, présente, demanda ce qu'ils cherchaient comme pour les narguer, mais le maire lui dit de se taire en breton. Pour les protéger, il les avait conduits chez un Guyader, ancien combattant de la guerre 14-18 en mauvaise santé. Ils l'avaient trouvé chez lui avec un enfant sur ses genoux et avaient abandonné la poursuite.
A noter que Mme Christine NICOLAS-LABEYRIE, habitante de Mellionnec, est présidente du secteur Rostrenen-Gouarec-Callac pour l’Association AFMD22
(Les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation).
Vestiges d'une chapelle Saint-Vincent-Ferrier au lieu-dit Cornec
Des fouilles archéologiques entreprises et vite stoppées ont permis à Mr LE GALL Gérard de mettre à jour le lieu d'une chapelle du 18ème siècle détruite après la Révolution Française par les Chouans.
Les vestiges de la chapelle ont été trouvés en juin 2013, à 50 cm de profondeur sur un rectangle de 20 m sur 10 m.
Pièces de charpente, restes d'ardoises et d'autres pierres confirment la découverte. Au cours des fouilles, l'ancienne fontaine est localisée avec un fort débit d'eau. C'est elle qui transformait les abords du site en marécages.
Toutefois, conformément à la législation en vigueur, Mr LE GALL a interrompu ses recherches.
Emile le Skanv, le poète breton Glenmor
Glenmor Barde bien connu dans le Kreiz Breizh, Emile le Skanv dit Milig et plus connu sous son nom de scène GLENMOR est né un 25 juin 1931 à Maël-Carhaix, et a vécu au Manoir du Poul en Mellionnec avec sa femme Katell.
Ce chanteur et conteur fut connu pour son engagement passionné à défendre l’identité bretonne, derrière lui sont venus Styvell, Servat, Kirjuel, Ducos, Dan ar Bras… On a redécouvert les sœurs Goadec et les frères Morvan, le Plinn et le khost ar c’hoat et les festou-noz qui avaient cédé la place aux bals popu ont repris force et vigueur.
En 1965, il donne son premier grand concert public à Paris.
Le poète breton décéde en juin 1996.